Réajustant le col de sa chemise correctement, il vérifia de ses mains que son nœud de cravate était toujours à sa place et prit plutôt le dossier qu'on lui tendit. « Où est-il bon sang ? » Jason lui emboîta le pas et les deux hommes rentrèrent dans la salle du tribunal. « Il nous a assuré pouvoir être là à l'heure. » « Va le pêcher à l’entrée, je rentre. » Elias grinça quelque peu des dents en posant ses affaires de son côté de la salle. Un coup d’œil au parti opposé lui fit froncer les sourcils. Le juge entra dans la salle et Elias n’eut pas le temps de se lever que son adjoint le rejoignit bien vite, visiblement quelque peu paniqué. Il s’approcha d’Elias qui sentit le coup venir et commença à soupirer lourdement. « On lui a tiré dessus, il a été transporté – » « Shh. » Il le fit taire puis sortit du tribunal afin d’avoir les détails. Son témoin pour cette affaire avait effectivement les informations qui auraient pu faire tomber le concurrent du procureur. Et on avait essayé de le faire taire. Le brun espérait sincèrement qu’il garderait la vie sauve car c’était peut-être la seule pièce qui faisait que son raisonnement était le bon et pouvait faire largement pencher le juge en leur faveur et éviterait le procès. On lui donna les informations dont il avait besoin, à savoir où était-il admis. « J’y serais dans quelques dizaines de minutes, fais-leur passer le message que celui-là n’a pas intérêt à crever sinon je fais virer les infirmières. » « … On peut faire ça ? » « Non, Jason, c’est un moyen de pression. Bouge ! »

C’est avec son enregistreur et caméra qu’il rentra dans l’hôpital. Oui, si le témoin devait se vider de son sang, avant cela il pourrait l’enregistrer. On pouvait le traiter d’insensible si l’on voulait, c’était un peu ce que tous les avocats étaient, mais ce qu’il avait à dire était nettement plus important que sa propre, du moins de la perspective d’Elias et de l’état. Le procureur ne se concentrait de toute façon pas sur les conséquences plus familiales de la mort de ce type, il en restait éloigné car il ne voulait pas y être attaché et encore moins se faire distraire par ce genre de pensées. On lui informa bien vite que son mari était chargé de l’opération et cela le rassura légèrement. L’amour rendait peut-être aveugle, mais il avait foi en Jon, plus qu’en un autre chirurgien. Il attendit donc, pendant bien longtemps. Son adjoint l’avait rejoint et il travaillait sur d’autres affaires dans la salle d’attente de l’hôpital mise à disposition. L’hôpital était sous protection policière sur ordre d’Elias qui sur ce coup avait la bénédiction du maire. Tandis que le procureur enchainait les cafés et passait ses coups de fil. Il en avait presque oublié qu’il se trouvait dans un endroit qu’il n’aimait pas des masses. Et bordel de merde le manque de communication d’un hôpital. Il commençait à faire les cents pas qu’il aperçut ce qu’il souhaitait voir au coin d’un couloir. « Jon ! » Il réduit la distance qui les séparait, lui jetant un regard plus ou moins avide de savoir ce qu’il en était. « On ne t’a donc pas dit ? Uh, la personne que tu viens d’opérer, c’est mon témoin. Il faut que je le vois, tout de suite. Avant qu’on ne lui refile une balle dans le crâne. C’est urgent et je ne veux rien savoir du protocole. »

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Il n'était pas non plus réellement habitué à ce qu'on lui dise non. Parce qu'il était important, parce qu'il avait de l'influence et qu'en général on respectait une personne importante. Il n'y avait peut-être que son cercle intérieur qui pouvait le faire. Déjà parce qu'il savait que lever la voix sur Ana n'était pas une bonne idée, sur Jon non plus d'ailleurs. Et il n'avait non plus aucunement envie de le faire. Il avait mis bien trop de temps à séparer son professionnel de sa vie privée et il y avait une très bonne raison pour cela. Aussi, quand Jon lui dit qu'il ne pouvait pas voir son témoin, Elias ne broncha pas, fronça les sourcils et tenta quand même de passer outre. « Jon, c'est très important. Si je n'ai pas son témoignage, mon dossier va à la poubelle. Tu sais comme moi que ce n'est pas -- » Et puis il le coupa. En le voyant se rapprocher et lever les mains, cela fait grimacer Elias qui savait ne pas pouvoir aller outre la décision sans doute professionnelle de son époux, même si ça l'emmerdait franchement.

Et puis il lui expliqua et Elias roula des yeux en détournant le regard et bientôt sa personne toute entière. Il avait envie de shooter dans quelque chose mais bien sûr il n'y avait que des murs dans ce foutu couloir. Il se passa les mains sur le visage en penchant légèrement la tête en arrière. Il faisait des efforts, de gros efforts pour tenter de penser clairement et ne pas laisser ses émotions obstruer son jugement. Présentement il ne savait pas comment il allait pouvoir se sortir de ce pétrin. Ça tournait au meurtre, encore. Parfois il en avait marre de cette ville rien que pour la bouillasse qui y trainait. Il soupira encore une bonne fois, soufflant bruyamment, jusqu'à que Jon ne s'excuse. « L'es-tu vraiment ? » Oh. Il lui fallut deux secondes pour se rendre compte et Elias ferma les yeux, abaissant finalement ses épaules, secouant la tête. « Pardon. » Il ne le pensait pas. Bien sûr que Jon avait fait ce qu'il avait pu pour le sauver, bien sûr qu'il était désolé. Elias était simplement tendu. Le procureur déglutit et se tourna complètement vers son époux. « Je vais devoir te harceler de questions... » tenta-t-il de se reprendre avec un léger sourire timide. « Je suppose que tu as gardé la douille ? Était-est-ce à bout portant ? »

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Évidemment qu'il n'allait pas le laisser s'en tirer aussi facilement et Elias se retint de grimacer quand son mari insista sur ce qui avait malencontreusement glisser hors de la bouche du procureur. Celui-ci fit un effort pour ne pas réagir négativement, il ne voulait pas créer de scène pour quelque chose d'aussi futile et déclaré sur le ton de l'émotion, en plus de ne pas être justifiée du tout. « Je sais, oui. Et je suis désolé, Jon. Je ne le pensais pas et -- » Il soupira, battant des bras pour les laisser retomber le long de son corps, secouant la tête pour trouver quelque chose à dire. « Et tu me connais. » fut tout ce qu'il trouva à rajouter.

Elias suivit donc son époux à travers les couloirs jusqu'à visiblement la salle de repos. Il ne s'assit pas sur les chaises mises à disposition tout de suite, il était bien debout à jouer une jambe sur l'autre. Tournant la tête vers le chirurgien, il l'écouta avec attention tout de même. Le procureur détourna le regard un bref instant. « Mh, près du cœur, c'était donc possiblement bien une élimination et on cherchait à le faire taire avant qu'il ne vienne témoigner. » Elias se pinça les lèvres, accentuant un petit son de pas content lors qu'il fixa des points invisibles à travers la fenêtre menant sur le couloir. « Je savais que j'aurais dû le forcer à parler dans l'enregistreur quand il est venu me voir. » Le procureur finit bien par soupirer et tira finalement une chaise pour s'y assoir en soupirant. Il donna alors toute son attention à son époux. « J'étais à ça de les avoir tu sais. » fit-il en mimant le petit avec ses doigts. « à ça. J'étais à ça de les avoir. » Elias secoua la tête. « Je vais devoir tout recommencer je pense car je n'ai que très peu d'infos que ce témoin voulait bien me lâcher. Maaais pas de preuves ni de témoin du coup pour que ce soit recevable... » Il sourit malgré tout, ce n'était pas la première fois. Ça faisait grave chier, mais ce n'était pas la première fois. « Enfin, je suppose que j'en trouverais d'autres. »

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